PETAIN: Un passé qui ne passe pas

Comme beaucoup de français, le souvenir du maréchal félon me hante, et hantera sans doute mes enfants, après moi. "La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants" (Karl Marx, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte), et le souvenir de ce mauvais père n'a pas fini de polluer (ou d'éclairer?) nos débats contemporains. Entre les thuriféraires de sa mémoire, dont les sites à la riche iconographie nous rappellent que "La défense du Maréchal Pétain est un droit reconnu par la Cour Européenne de Strasbourg (arrêt du 23 septembre 1998)", les acharnés (attardés?) de la révolution nationale, les croisés de la réhabilitation de son action (il y a même un groupe d'étudiants dédié!) les athées endurcis dénonçant -avec raison- la soumission de l'église catholique au maréchal, ceux qui trouvent des relents pétainistes à la loi sur le service civique, les théoriciens du complot et les vandaliseurs du tombeau maréchalesque, on ne sait plus ou donner de la tête...

Curieusement (?) notre minuscule président a pris dans ce débat une position claire, au grand dam des vieilles badernes de l'Association de Défense de la Mémoire du Maréchal Pétain, et son refus de la repentance ne débouche pas sur la réhabilitation du maréchal P... Sarkozy l'américain est ainsi -sur ce point tout au moins- plus digne de sa fonction présidentielle que certains de ses prédécesseurs: Coty (dont j'ignorais qu'il avait voté les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 40) , Mitterrand, pétainiste assumé et ami de Bousquet, fleurisseur récidiviste, et même De Gaulle, qui le gracia en 45 avant de fleurir sa tombe en... 68

Dans le fatras des 76 000 références à Petain sur le net, on distinguera:

• une très honnête biographie sur le site de l'Académie Française (dont il fut exclu en 1945); La biographie du site gouvernemental chemins de mémoire, ou celle d'Hétérodote valent aussi la lecture.
  
• l'histoire du paquebot "Marechal Petain", lancé le 8 juin 1944 à La Ciotat, deux jours après le débarquement de Normandie, qui poursuivra sa carrière après guerre sous le nom de "La Marseillaise";
• le récit illustré de la visite de Pétain dans le bassin stéphanois, en mars 1941. Il y prononce un "appel aux travailleurs" qui montre la volonté de revanche du régime pétainiste sur le front populaire:
  "OUVRIERS, mes amis, n’écoutez plus les démagogues. Ils vous ont fait trop de mal. Ils vous ont nourris d’illusion. Ils vous ont tout promis. Souvenez-vous de leur formule : " le pain, la paix, la liberté ". Vous avez eu la misère, la guerre et la défaite. Pendant des années, ils ont injurié et affaibli la patrie, exaspéré les haines, mais ils n’ont rien fait d’efficace pour améliorer la condition des travailleurs, parce que, vivant de leur révolte, ils avaient intérêt à encourager ses causes".
• la collection iconographique des archives nationales, et celle de Paris en images;
  
• la pipe à l'effigie du maréchal, réalisée par un artiste art deco de seconde zone.
  

L'homme à la Lamborghini

"Je m’appelle Nico, je possède des vignobles dans la région de l’Alsace, une écurie de Lamborghini et une femme qui a défilé pour les plus grands couturiers d’Europe".
(Non, il ne s'agit pas de notre président bling-bling. en fait, cet esthète libertaire s'appelle Mario, et non Nico, et sa propriété -on pense aux femmes mobilier, dans le prémonitoire "Soleil Vert" de Richard Fleischer- s'appelle Lydia et non Carla).

Mario et Lydia animent avec talent le site un www.petite-bourgeoise.com ("le domaine de ma femme sur le net") déjà visité par 150 000 visiteurs, dans lequel Lydia fait, nous dit Mario, tout pour nous satisfaire!
Mario, tu es un vrai partageur! Juste une petite requète, en passant: entre deux photos du (fort beau) cul de ta femme, pourrais tu en insérer quelques une des lamborghini de ta collection?

Bottom line: toi qui, à l'évidence, n'as pas raté ta vie, en plus de ta femme et de tes lamborghini, possèdes-tu une Rolex, comme Nico?

Le tombeau de sainte Bernadette

Bernadette Taylor, peu avant sa montée au ciel

Il y aura bientôt 10 ans que Bernadette Taylor, la virtual girlfriend de milliers de fans du monde entier, a disparu sans laisser d'adresse, laissant ses virtual boyfriends inconsolables. La wayback machine a perdu sa trace après le 29 avril 1999, et les quelques ragots disponibles sur le web font état d'un cancer précoce (qu'elle évoqua dans son journal) ou d'un enlèvement. Pour nous, croyants ordinaires, il reste quelques autels à sa mémoire sur le web: dans le temple de la nudité (curieusement pauvre en images de la sainte), mais surtout dans la basilique contruite pour elle par un fan de la première heure, et déjà visitée par plus de 130 000 fidèles... Grâce aux multiples scènes de la vie de la sainte (Bernadette dans la nature, en lingerie, déguisée, attachée, chattant à la webcam), chacun peut y méditer sur une vie hélas trop courte, au moins sur le web...
Adieu Bernadette, ou que tu sois maintenant, nous n'oublierons ni ton goût immodéré pour l'exhibition, l'alcool et le chocolat, ni ton courageux combat, vêtue de ton seul ruban bleu, contre la censure!

La Disparition

Au printemps 2008, l'auteur prolixe et régulier du blog "sous les jupes des des fonctionnaires" tirait sa révérence, avec un dernier post d'adieu, dont je n'ai malheureusement pas conservé la trace.

A l'adresse http://www.souslesjupesdesfonctionnaires.com/ on trouve maintenant tristement la mention This domain may be for sale, comme si la crise des subprimes était passée par là. Heureusement, la waybackmachine est là, pour nous permettre de retrouver les post supprimés de la toile, peut-être parce que leur auteur a cessé de payer sa redevance d'hébergement, peut-être parce qu'il a lui-même décidé de les retirer? qui sait? Le dernier post archivé par la waybackmachine est du 19 janvier 2008, on y trouve, comme pour les 3 années précédentes l'écho sensible, misérable et lucide d'un être délicat et meurtri, intelligent, somatisant, joueur aussi. "Personne ne vit seul, sauf moi. Sans caresses, sans tendresse. Inutile de m’apitoyer encore sur mon sort d’anormal. Je referme l’agenda dans un claquement rageur". Qu'as tu trouvé, cher DB, une fois l'agenda et le blog refermés? Je te dédie cette ariette oubliée de Paul Verlaine, en espèrant que tu te portes bien.

Le piano que baise une main frêle,
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu'avec un très léger bruit d'aile,
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant,
Rôde discret, épeuré quasiment,
Par le boudoir longtemps parfumé d'Elle.

Qu'est-ce que c'est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin?
Qu'as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin?

Bikini Atoll

La polysémie du bikini (sexualité joyeuse, corps dévoilés vs expériences destructrices et mortifères) a été magnifiquement mise en scène dans une exposition réalisée en 2005 à la Florida Gulf Coast University par Scott Guelcher, un artiste fils d'un militaire américain ayant servi sur l'atoll maudit. Sous son côté bon enfant, presque amateur, cette exposition dit la vérité de notre époque de démesure dans le plaisir et l'exhibition comme dans la mise au point d'armes de destruction massives, à côté desquelles les menées terroristes font figure d'enfantillages. Lueur d'espoir, l'atoll réhabilité et décontaminé est désormais une destination touristique de choix: on y pratique la plongée dans les lagons, sans crainte des radiations.

"Nuclear Veteran Arthur Guelcher and Bikini Bomb Girls"

"bikini pleasure"

"There are not many places that could look more like the Garden of Eden..."

Peintures intimes

La charmante Julia invite tout un chacun à publier sur son blog des photos intimes, qualifiées de sexy. Elle me convie régulièrement (à ma demande!) à admirer les "posts" de ses lecteurs. La plupars sont d'une platitude affligeante, voire sentent à plein nez le raccolage commercial pour des sites payants ou de jeunes femmes se trémoussent à la demande des webmateurs, version moderne du quartier rouge d'Amsterdam.

Certaines photos, pourtant, sont des chefs d'oeuvre, réminiscences involontaires (?) d'oeuvres maitresses du patrimoine pictural: ainsi lorsque Nico nous invite à mater la photo de sa copine, et à "lacher les coms" pour en montrer plus encore, il nous renvoie au Matisse orientalisant du post fauvisme.

Ma copine (Nico)

Beauté orientale (Matisse)

Cette coïncidence imprévue éclaire d'un jour nouveau la pratique en développement rapide, de l'exhibition sur le web de photos intîmes: Nico, publiant sur le "blog gratuit de la sexy julia" la "photo coquine d'une bonne copine", est sans le savoir le continuateur de Matisse exposant au salon une beauté orientale dénudée, et sa démarche n'est ni plus ni moins scandaleuse que celle des générations de peintres de nus anonymes ou célèbres.

La vie impossible de Virginie P...

Virginie P. tient son blog depuis 2007, de manière très épisodique (comme M.H), mais l'a entamé par un récit de vie qui correspond bien au récit moyen vanté par Michel Houellebecq. A la différence des héros des particules élémentaires, son récit est réel, mais sa dramaturgie n'a rien à envier au roman. Elle illustre son blog de chansons (excellentes) de Sardou et Goldmann, connait-elle les recueils "le sens du combat" et "rester vivant", dont l'humour désespéré s'applique fort bien à son récit?

Virginie -qui ne le connait sans doute pas- confirme la portée sociale de l'oeuvre de M.H. qui ne la connait pas. Je termine cette note par un geste lui aussi proprement houellebecquien: en cliquant sur la touche adéquate, et après m'être enregistré dans ce système propriétaire (dans le monde merveilleux de MSN, on ne peut faire ami-ami qu'à l'intérieur de l'univers microsoft), je demande à Virginie si elle veut bien être mon amie...

PS: et comme Michel, Virginie aime les chiens...

Chanteurs nazes

Grâce au net, il est devenu plus facile pour de nombreux chanteurs nazes de se faire une renommée: les plus récents sont évidemment le duo talentueux de la chanson du dimanche, dont le "petit cheminot" se chante dans les cours de récré. Leurs ancètres moins connus sont le manceau Jean-Luc Le Tenia, qui nous réjouit depuis près de 10 ans de ses rimes dépressives et de son absence de voix, ou son cousin Didier Super dont l'ineffable slogan "Didier Super, c'est super!" ravit les scènes alternatives. Ce qui les rassemble? un sens aigu de l'autodérision, une esthetique trash, une vision déprimée de la réalité, bref, comme le dit l'exegete de JL Le Tenia, ce sont les chanteurs "art brut" (à ne pas confondre avec l'art naïf...)

Fonction publique municipale: un chargé de mission victime du surmenage...

Je lis très régulièrement, et toujours avec plaisir, la prose de DB, le prolifique auteur du blog "sous les jupes des fonctionnaires" qui nous narre depuis plus de trois ans, avec une verve acide et désespèrée, les tribulations administratives de la ville de Now or Never Land (un ersatz de la ville de Dijon, avec un maire beau gosse et dilettante, une administration pléthorique, et un observateur à la fois acide et frustré, amateur de visions furtives de petites culottes, d'ou le titre du blog). Comme Sophie Calle, DB gâche sa vie pour mieux la raconter, et transforme la misère affective en oeuvre d'art. Il vient de décider d'arrèter son blog. Pour se soigner? (sa santé décline, au fil des années). Pour tourner la page? Salut l'artiste!

Jean-Pierre Chevènement: Une vie à labourer la mer?

Je lis régulièrement le blog de Jean-Pierre Chevènement, dont j'apprécie la rigueur, le courage et la liberté de pensée. Pourtant, alors qu'il s'apprète à prendre sa retraite politique, n'étant plus maire de Belfort depuis son échec aux législatives au printemps, je regarde avec respect, mais aussi tristesse, ses combats passés, perdus pour la plupars: son blog porte encore la trace du dernier, pour un référendum sur le traité de Lisbonne, et si le précédent, son soutien loyal et sans faille à la candidature de Ségolène Royal a presque été gagné, il a du reconnaître que la belle, hélas, ne s'appelait pas Constance... Les précédents (contre le traité de Maastrich, contre l'euro...) n'ont pas non plus été concluants, et son destin a en commun avec celui de Pierre Mendes-France , d'être "une référence dans la classe politique française, comme symbole d'une conception exigeante de la politique" sans avoir, au delà de sa ville de Belfort, su réellement peser sur l'évolution du pays.

Le tombeau du maréchal P...

Dans Le Monde du vendredi soir un petit article vante les joies d'une visite hivernale de l'Ile d'Yeu. Curieusement, l'article fait silence sur une des curiosités touristiques de cette ile de charme vendéenne: le tombeau du maréchal P..., qui y fut interné jusqu'à sa mort. Son souvenir est pourtant vivace, et on se souvient du scandale provoqué, en 1992, lorsque l'on apprit que l'ami de Bousquet, alors président de la république, faisait fleurir (aux frais de la gueuse, bien sur!) tous les ans la tombe du maréchal félon, au prétexte fallacieux qu'il fut aussi le vainqueur de Verdun. La tombe du traitre P... est régulièrement vandalisée, et l'Association pour Défendre de la Mémoire du Maréchal P... (ADMP), créée en 1945, milite toujours (heureusement sans succès) pour la révision du procès et le transfert de la dépouille de "l'illustre soldat" à Douaumont. Dans "le 18 brumaire de Louis Bonaparte", Karl Marx nous rappelait que "La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants". Pour allèger la pression, faut-il ou non débarrasser le cimetière marin de l'Ile d'Yeu du tombeau du maréchal P...? A 18 ans, je lui vouais une admiration sans faille, et à 21 ans, en 1943, je suis parti au STO en suivant les consignes de son premier ministre, Pierre Laval. Cette marque d'infamie m'accompagne depuis, alors que le troupeau des soldats et officiers prisonniers de l'été 40, tous pétainistes eux aussi, n'a jamais été stigmatisé. Longtemps j'ai cru au conte du bon maréchal octogénaire, faisant à la France le don de sa personne, mais hélas abusé par un entourage vendu aux boches. Soixante ans après, il il est temps de tourner la page, et je ne peux que conseiller au touriste de passage à l'Ile d'Yeu de visiter son charmant cimetière marin, pour pisser sur la tombe du maréchal Pétain!

Le plan B de Lester Brown

Grâce au blog d'Emmanuel Delannoy, J'écoute la récente interview de Lester Brown sur France Culture, qui met l'accent sur les pénuries d'eau sur la planète, qui menacent les capacités alimentaires de la planète (il faut 1000 tonnes d'eau pour produire une tonne de céréales!). Combinée avec l'utilisation des céréales pour produire des agro carburants, la réduction des surfaces agricoles et le réchauffement climatique, cette situation conduit à un alignement du prix des céréales sur le prix du pétrole, et à une compétition pour la ressource entre les habitants des pays pauvres en risque de pénurie alimentaire et les possesseurs de véhicules qui veulent les utiliser. Il appelle à une mobilisation de type militaire, avec reconversion massive de l'industrie, pour renverser la vapeur et sauver la planète. Il y a près de 40 ans, les experts du club de Rome nous prédisaient également un épuisement rapide des ressources, conduisant à l'effondrement de l'écosystème mondial. Lester Brown est-il un prophète plus crédible que les experts du club de Rome? et la guerre à venir contre le réchauffement de la planète sera t'elle une belle aventure collective, ou un conflit sanglant entre blocs?

Dominique et Edgar: le sabre et l'oreiller, sans oublier la pipe

Ce samedi, c'est repos après une semaine de trajets incessants.

sur le blog de Raphael Sorin je goute une chronique vacharde du dernier opus du flamboyant Dominique de Villepin (dont je n'ai pas lu une ligne, mais un politique qui s'intéresse à la poésie ne peut pas être foncièrement mauvais), et une autre sur Edgar Morin qui a provoqué moult commentaires outragés. Son titre "Edgard Morin ou la pensée kleenex" me va droit au coeur: que nous reste t'il de la pensée du vieil Edgar (à ne pas confondre avec Edgar Faure, dont la franche-comté reconnaissante s'apprète à fêter le centenaire de la naissance, et dont la pensée pipière éclaire encore notre pays de mille feux)? Une idée molasse de la complexité?

Diabolique Belette australienne...

A Byron Bay, en Australie, se trouve un des plus excitants fabriquants de maillots de bain au monde: à l'enseigne de la Diabolique Belette , on trouve un choix surprenant de bikinis "couvrant à peine les filles depuis 1994". Effet collatéral de la mondialisation, qui comme chacun le sait contribue à la réduction de la biodiversité, les afficionados de la marque se recrutent dans le monde entier (avec prépondérance anglosaxonne et européenne, y compris la Pologne!) , et envoient leurs photos en petite tenue au fabriquant qui les publie fort courtoisement, à raison de 4 clientes par semaine, sur son site. Les gagnantes gagnent des bons d'achat à convertir en maillots de bain, qui donneront lieu à de nouvelles photos publiées sur le site, et la boucle est bouclée! celles qui reviennent ainsi parader pour la seconde ou la troisième fois l'affichent d'ailleurs fièrement. Diabolique belette, grâce à toi, c'est l'été toute l'année!